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Vox – Christina Dalcher

Résumé :

Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne.
Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…

Mon avis :

Voilà un livre que j’ai envie de lire depuis très longtemps, depuis que Margaud Liseuse en a parlé un jour, il y a déjà plusieurs années. Le titre était resté dans un coin de ma tête mais je n’avais jamais eu l’occasion de mettre la main dessus. Et puis, le mois dernier, je suis tombée sur l’édition poche en librairie et je me suis dit que c’était l’occasion que j’attendais depuis longtemps. 

Vox est une histoire assez glaçante quelque part. On ne peut qu’être révoltés de voir la place des femmes dans cet univers. Et un peu inquiets aussi, parce qu’il se passe des choses dans le monde actuellement, qui amènent à penser que malheureusement, il suffirait de pas grand chose pour que tout bascule et devienne comme les USA décrits dans ce roman. 

Je me suis beaucoup attachée au personnage de Jean que j’ai trouvé particulièrement réaliste, criante de vérité. Jean est une héroïne par la force des choses. Ou plutôt, elle le devient, parce qu’elle ne veut pas que sa fille grandisse dans ce monde pourri. Jean est une vraie mère, qui s’inquiète pour ses enfants, qui sacrifie beaucoup de choses pour eux, l’amour notamment.

Une chose, cependant, m’a un peu troublée. Régulièrement, on nous fait comprendre que ce nouveau monde est récent, qu’il n’y a qu’un an que toutes ces nouvelles règles sont en place. Mais c’est un peu étrange, parce qu’on a parfois l’impression que ça fait tellement plus longtemps. Un an, c’est très court pour soumettre la totalité de la population féminine et changer totalement le visage de la société. Enfin, personnellement, je trouve que c’est très court et c’est là-dessus que j’ai trouvé que ça manquait peut-être un petit peu de crédibilité. Mais c’est le seul détail qui m’a un peu gênée.

Niveau écriture, la plume de Christina Dalcher est vraiment prenante. C’était difficile de lâcher ce roman une fois commencé. L’ambiance angoissante, étouffante est particulièrement décrite et ça contribue au malaise qu’on peut ressentir. 

C’est vraiment un excellent roman que je recommande !

Note : 5/5

L’année de Grâce – kim Liggett

L'Année de Grâce

4ème de couverture :

Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit. Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique.
Ni puissante.

Mon avis :

Wow, quelle claque ce bouquin !

J’avais entendu d’excellents échos à son sujet sur Instagram. Et on m’avait aussi dit qu’il mettait très en colère (mais sans que ce soit négatif). Tous ces avis avaient raison.

Nous découvrons l’histoire de Tierney, qui évolue dans une société qu’il est impossible de situer dans le temps et l’espace. La vie y est régie par des règles très strictes (envers les femmes) et une profonde croyance en un Dieu qui s’apparente assez au Dieu des Chrétiens (si j’en crois la mention de la Bible à un moment donné). La vie y est très dure, donc, pour les femmes. Traitées pour ou moins comme des sorcières, elles n’ont pas le droit de chanter (elles en profiteraient pour lancer des sorts), pas le droit de se regrouper, de prier en silence (ça aussi c’est une façon de lancer des sorts), doivent impérativement avoir les cheveux longs et tressés et porter au bout de leur natte un ruban de couleur indiquant leur statut (blanc tant qu’elles sont enfants et « pures », rouge l’année de leurs 16 ans et noirs lorsqu’elles sont mariées), doivent épouser le mari que les hommes leur ont choisi ou devenir des travailleuses (pour lesquelles la vie semble très rude). Et, pire que tout, elles doivent subir l’année de Grâce. Pendant toute une année, parce qu’on leur prête le pouvoir d’attirer les hommes et de les détourner de leurs épouses, elles sont comme bannies de leur village et doivent survivre dans un environnement hostile, au cœur d’une forêt sur une île, le temps de se débarrasser de leur « magie ». Alors, seulement, elles pourront revenir dans le village. A condition qu’elles survivent.

Sincèrement, ce roman, cette histoire, m’ont fait froid dans le dos, m’ont révoltée, m’ont mise hors de moi. Cette société est tellement horrible, injuste (et je n’ai pourtant aucun à imaginer que ça ait pu réellement exister dans le passé ou que ça se rapproche fortement de ce que vivent encore certaines femmes). Et ce que vivent ces jeunes femmes durant leur année de grâce est tout simplement inhumain. C’est violent, brutal, perturbant. Très vite, je me suis attachée à Tierney, à l’espoir qu’elle pourrait changer les choses, s’en sortir, réussir à obtenir une vie meilleure. Très vite aussi j’ai appris à détester Kiersten, son ennemie.

J’ai dévoré ce roman en peu de temps, j’avais vraiment du mal à le lâcher. J’étais prise dans l’histoire, avide de savoir comment les choses allaient tourner pour Tierney. J’ai adoré l’écriture, le rythme, l’ambiance angoissante qui nous accompagne tout au long de notre lecture. L’autrice ne nous lâche pas, ne nous laisse pas le temps de respirer. L’univers qu’elle décrit est impitoyable et tellement réaliste.

Ce fut vraiment une lecture coup de poing, qui suscite une multitude d’émotions et que je ne peux que recommander à tout le monde.

Note : 5/5

Paroles d’honneur – Leïla Slimani et Laetitia Coryn

Leïla Slimani et Laetitia Coryn - Paroles d'honneur.

4ème de couverture : Rabat, été 2015. Leïla Slimani fait la connaissance de Nour, une Marocaine qui lui raconte sans tabou sa sexualité et les tragédies intimes que subissent la plupart des femmes qu’elle connaît. Ce témoignage poignant, suivi d’autres rencontres à travers le pays, bouleverse la romancière franco-marocaine qui décide de mettre la parole de ces femmes à l’honneur. A travers leurs histoires personnelles, on découvre le drame de la condition sexuelle féminine au Maroc au sein d’une société hypocrite qui condamne le désir et la liberté d’aimer.
Cette BD reportage dépeint sans concession la réalité complexe d’un pays où l’islam est religion d’Etat et rappelle à chacun de nous l’importance du combat pour les droits fondamentaux de la femme.

Critique : Je suis désolée, mais je dois vous avouer que j’ai abandonné très rapidement.

Je m’excuse parce que le sujet est important. Je pense qu’il est important de ne pas oublier que dans des pays comme le Maroc, la condition féminine n’est pas franchement enviable. Il me semble important également de dénoncer cette vision machiste et mauvaise que les hommes là-bas ont de la femme et en particulier de sa sexualité. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, principalement.

Malgré toute cette importance, oui, j’ai lâché au bout d’une trentaine de pages. Pourquoi ? Parce qu’il ne m’en avait pas fallu plus pour comprendre de quoi il retournait. Parce que ça commençait déjà à devenir un peu redondant, et parce que voilà, j’estimais ne pas avoir besoin de lire les quelques soixante-dix autres pages si c’était pour voir encore une fois à quel point la condition sexuelle des femmes est déplorable. Je n’ai pas eu besoin de les lire pour comprendre ce que Leïla Slimani dénonçait et le message qu’elle voulait faire passer. Etait-il nécessaire de faire cent pages à ce sujet ?

Alors oui, je suis vraiment désolée, parce que les BDs engagées, comme ça, en général j’aime ça. Je suis désolée parce qu’en abandonnant si vite, je suis probablement passée à côté de quelque chose. Mais voilà, c’est comme ça.

Note : 2/5

Idéal Standard – Aude Picault

Aude Picault - Idéal standard.

4ème de couverture : Claire, infirmière trentenaire, voit défiler ses relations amoureux en désespérant de construire un couple, le vrai, le bon, l’idéal. En choisissant de vivre avec Franck, elle croit enfin y être arrivée. Mais la réalité standardisée de ce qui l’attend n’est pas à la hauteur…

Critique : Que dire sur Idéal Standard ?

A travers cette BD, nous suivons le parcours de Claire, trentenaire, qui, comme beaucoup de gens, rêve du jour où elle sera en couple et ou elle pourra fonder sa propre famille. Nous la voyons rechercher la bonne personne, la trouver, et puis se rendre compte qu’en fait, quelque chose ne va pas.

Personnellement, j’y ai vu là une critique de notre société qui veut qu’on se conforme à cette espèce de règle tacite : nous devons nous trouver quelqu’un, vivre ensemble et avoir des enfants. Il semblerait que ce soit cela qui rende les hommes heureux. Et tout nous incite à suivre cette règle. Vous n’avez jamais remarqué comme la société occidentale actuelle peut-être relativement « méchante » envers les célibataires ? En dehors du regard des gens qui trouvent cela bizarre, voir même triste que certaines personnes soient toujours seules passées un certain âge, il y a aussi notre cadre de vie qui tend à donner des avantages aux couples et des désagréments aux célibataires. Alors quoi ? On n’a pas le droit d’être seul ? Et d’ailleurs, est-ce qu’il faut forcément être en couple et avoir des enfants pour être heureux ?

En attendant, revenons à notre pauvre Claire. Au départ, cela semble bien marcher pour elle. Elle est heureuse avec son amoureux, elle a des projets. Et puis plus le temps passe, plus elle se rend compte qu’en fait, elle est comme enfermée dans une vie qu’elle ne veut pas avoir. Elle n’est plus sur la même longueur d’onde que son ami, n’a plus les mêmes attentes de la vie. En ça, j’y vois également une critique de l’idée qui veut qu’un amour dure toute une vie.

J’ai du mal, du coup, à dire si j’ai vraiment aimé cette BD ou pas. Elle porte un regard réaliste sur notre monde actuel où l’on tend de plus en plus à s’intéresser à l’individu en tant que tel et où chacun est en recherche avant tout de son bonheur personnel. Et en même temps, je trouve cette vision plutôt défaitiste.

Peut-être que je suis à côté de la plaque dans mon analyse, mais le moins que je puisse dire en tout cas, c’est que cette BD m’a amenée à une réflexion, un questionnement. N’est-ce pas le but des histoires comme celle-ci ?

Note : 3/5

L’aile brisée – Antonio Altarriba et Kim

Antonio Altarriba - L'Aile brisée.

4ème de couverture : Lorsque sa mère meurt en 1998, Antonio découvre le secret qu’elle a caché toute sa vie : un bras blessé dont elle n’a jamais pu se servir normalement… Partant de cette révélation liée à un terrible drame de naissance, il raconte le siècle au féminin dans une Espagne dure et cruelle. Un hymne aux souffrances, à l’émancipation et au courage des femmes…

Critique : Hop, j’avance encore un peu dans mon comité de lecture. Et c’est sur « L’aile Brisée » que j’ai jeté mon dévolu cette fois.

Ici, l’auteur nous raconte l’histoire de sa mère, une histoire vraie donc, qu’il a reconstituée du mieux qu’il le pouvait avec les informations qu’il avait. On pourrait croire cette histoire totalement relativement inintéressante, d’autant plus quand on ne connait ni la maman en question ni l’auteur. J’ai d’ailleurs failli ne pas mettre ce titre dans la sélection, mais finalement, je me rends compte qu’il aurait été dommage de passer à côté. Nous avons histoire l’histoire d’une femme avec un destin assez impressionnant. Je veux dire, quand on voit sa naissance (sa mère est morte en couche et son père a voulu tuer le bébé, ce qui lui vaudra de s’en tirer avec un bras cassé et mal ressoudé et par conséquent immobile), on aurait pu penser qu’elle n’irait pas très loin dans la vie. Mais non. Petra est douée d’un caractère plutôt exceptionnel, gentille, toujours prête à rendre service, elle dissimule avec succès son handicap, son aile brisée. A travers elle, c’est toute l’histoire de l’Espagne que nous découvrons à cette période particulière qu’était la dictature de Franco. Parce que oui, Petra a travaillé comme gouvernante au service d’un général monarchiste à cette époque. Au-delà de la vie plutôt intéressante de cette femme, c’est aussi tout le contexte historique que nous découvrons. Et puis, c’est aussi la situation de la femme, son émancipation, à cette époque où elle est encore placée totalement sous le joug des hommes de sa famille.

Niveau dessins, rien de bien exceptionnel. Des vignettes en noir et blanc, des détails soignés. Tout est traité avec une sorte d’exactitude, il n’y a pas de « flou », même les arrières plans sont bien travaillés. J’ai cependant eu un souci au niveau chronologique. On suit l’ordre, il n’y a pas de soucis là-dessus, mais on saute parfois plusieurs jours d’une vignette à la suivante et ce, sans la moindre transition. C’est assez perturbant, surtout au départ, on a du mal à se rendre compte du temps qui passe.

C’est une bonne BD que nous a livrée là Antonio Altarriba. J’avoue être curieuse de lire « L’art de voler » où il nous parle, cette fois, de son père.

Note : 4/5